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title: Un jardin de gestes
tags:
- geste
- geste-médian
- invariant
- récursivité
- vérité
- transitif
- énactif
- affordance
- encompagner
maturity: arbuste
date_creation: 2025-12-10
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**Bienvenue, welcome dans cet [[écotone]]**
🌿 _Ce [[historique des jardins (de ceux qui invitent)|jardin]] pousse : pour avoir un aperçu de comment il se ramifie, consultez le [[Rhizome de Garden-Gester|Rhizome]]_.
🌿 ==Donner de== [[l'attention]] ==(_attendere_ : tendre vers), c'est prendre soin, attiser un feu — nourrir ce qui brûle sans consumer.==
— ---- — ---- Faisons rapidement quelques pas ensemble --- --- - --- 🌳— _--- — - —🌳 __.
### ==Garden-Gester est le jardin public à la lisière d'une forêt beaucoup plus grande et un tout petit peu plus sauvage 🌵== , My wonderful big jumble qui prospère grâce à Obsidian []()
J'ai essayé de rendre Garden-Gester autant que possible praticable. Je crois comprendre, que nous avons (chacun.e d'entre nous) des façons très singulières de faire corps avec l'inconfort du sens. **ICI** j'évoque surtout des bout de pensées plus ou moins germées sur le concept de GESTE et ses nombreuses implications et ramifications.
Je crois que la façon la plus simple (mais pas la moins complexe) d'aborder la chose quand on parle de [[Les gestes du jardin|geste]], c'est de commencer par le fait que :
### ➫ Le [[Concepts/Geste|Geste]] n'est pas ce que l'on fait, mais ce par quoi il [[Donner|donne]]...
( si vous souhaitez approfondir ou éclaircir, je vous invite à survoler _geste_ ou _donne_ au dessus )
Allons-y pas à pas, mais faisons un saut\_\_ et poursuivons par :
### ➫ un **geste** n'est pas un mouvement que l'on exécute mais une organisation qui émerge
comme l'équilibre : on ne le "tient" pas, on [[Small dance|l'habite]].
et ensuite ?
### ➫ un **geste** est ce par quoi un monde se [[Donner|donne]], [[Voix médiane|transitif]].
Nous avons déjà fait un bout de chemin ---- -- - - --- ---- ---- --- prenons quelques instants
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### Finalement, pour ressaisir ce qui précède, nous pourrions le prolonger par une question. Qui est auteur du geste ?
Que ce soit Berstein, F.M ALexander ou A.Bullinger ( pour ne citer qu'eux ), tous trois ont **buté sur les limites du modèle commande-contrôle** :
- Bernstein depuis la physiologie soviétique et le réflexe conditionné pavlovien
- Alexander depuis l'introspection pratique (pragmatisme) et la pédagogie
- Bullinger depuis la psychologie du développement
—> Ils pointent vers cette même énigme : _comment quelque chose de stable peut-il émerger sans être contrôlé ?_ _Sans un agent contrôleur ?_ Et quelles sont les implications pratiques, pédagogiques et éthiques.
Ce **jardin** explore ces question à travers :
- ➫ **La pédagogie [[Concepts/Enaction|énactive]]** : une approche où le geste et son sens se _construit_ en arpentant.
- ➫ **Le groupe comme ressource** : non pas obstacle (concurrence), mais **amplificateur de variabilité**. Chaque différence est une information. L'apprentissage différentiel contre la pédagogie répétitive.
- ➫ **La friche comme commun** : les espaces non-planifiés, accessibles, auto-organisés comme **infrastructures éducatives invisibles**. Là où la variabilité peut se déployer. Là où l'attention devient exploratoire, pas captive.
## Trois chemins se croisent
**En [[Première personne|première personne]]** : l'expérience vécue, le sentir kinesthésique, ce qui se révèle dans l'attention portée à soi-même. Quelle est la "nature" de ce geste ? Car il s'agit bien d'un geste et comme tout geste, il produit ses [[Concepts/Chiasme|effets]]. Quels sont-ils sur notre organisation, lorsque nous cessons de "faire" et commençons à "permettre" ?
**En [[deuxième personne]]** : la [relation](https://hapgood.us/2016/10/10/new-directions-in-open-education/) pédagogique, le toucher comme langage, la co-émergence du geste dans l'accompagnement. L'enseignant qui [[Encompagner|encompagne]], oriente sans imposer, qui "design" des [[Concepts/Affordance|affordances]] - spatiales, tactiles, verbales - plutôt qu'il n'_éructe_ des instructions (même si cela n'existe plus...).
**En [[Troisième personne|troisième personne]]** : la théorisation, les concepts, les modèles scientifiques qui tentent de saisir ce qui, par nature, échappe à la saisie. Les neurosciences, la phénoménologie, les théories de l'énaction qui convergent vers une compréhension du vivant comme processus émergent.
Ces trois perspectives ne s'opposent pas. Elles s'entrelacent, se nourrissent, révèlent chacune ce que les autres laissent dans l'ombre.
Plusieurs auteurs soutiennent que l’étude de l’expérience requiert une articulation rigoureuse de ces trois perspectives plutôt qu’une opposition simpliste entre subjectif (1P) et objectif (3P).[](https://www.expliciter.org/wp-content/uploads/2022/05/vers-une-psychophenomenologie-1-pierre-vermersch.pdf)
Les débats actuels portent notamment sur la manière d’intégrer des descriptions de première et de deuxième personne dans des protocoles de recherche en troisième personne sans réduire l’expérience vécue à ses corrélats observables.[](https://www.implications-philosophiques.org/?p=11591)
## Deux régimes de vérité
Ce jardin n'ambitionne pas **la vérité de la réalité** — celle qui se fonde sur l'opposition vrai/faux, qui cherche la certitude par la démonstration, qui renforce le vrai en détruisant le faux. Cette vérité-là est essentielle dans bien des domaines (la science, le droit, la technique), mais elle n'épuise pas ce qui peut être dit de juste sur l'expérience vécue.
Ici, nous arpentons plutôt **la vérité du réel** — celle où "tout est vrai". Non pas que tout se vaut, mais que même l'illusion est réelle, même l'erreur enseigne, car faisant partie d'un certain régime de vécu. Cette vérité-là n'est pas celle de la contradiction (soit vrai, soit faux), mais celle de la **cohérence**, de la **correspondance**, de la **connivence** — ce clin d'œil où quelque chose passe, où ça "fait sens" sans nécessairement pouvoir être démontré.
Quand Héraclite écrit dans son fragment 65 "c'est jour-nuit, fin-satiété, blanc-noir", cette proposition n'a pas de sens dans le régime de la réalité (jour **ou** nuit, pas les deux). Mais **curieusement, lorsqu'on l'entend, c'est cohérent**. Ça dit quelque chose de la nature du mouvement, du devenir, de l'expérience vécue.
De même, quand nous disons qu'un geste "émerge" plutôt qu'il ne s'exécute, que le corps et l'environnement forment un système indissociable, que l'apprentissage n'est pas transmission mais émergence d'affordances — ces propositions peuvent sembler paradoxales dans une logique stricte (si ça émerge, qui agit ? si c'est un système, où commence le corps ?).
Mais **elles sont cohérentes avec l'expérience**. Elles font un clin d'œil à ce que nous ressentons déjà, confusément peut-être, quand nous apprenons, quand nous bougeons, quand un geste se donne.
Ce jardin cultive cette **vérité de cohérence** : pas de démonstration définitive, mais des propositions qui résonnent et ouvrent des possibilités de sentir et d'agir autrement.
## Un jardin ne se survole pas
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Dans la conception japonaise du jardin zen, il n'existe pas de point de vue qui permettrait d'embrasser l'ensemble d'un regard. Le [jardin](https://hapgood.us/2015/10/17/the-garden-and-the-stream-a-technopastoral/) se _découvre_ en arpentant. Chaque pas révèle non seulement une composition nouvelle, un nouvel angle de vue, un nouvel assemblage, mais bien plus encore, il se donne par le mouvement même de sa découverte, qui demande de ne pas en épuiser le sens.
**[[Récursivité]]** : le sens du jardin naît du geste qui le cherche, et qui à son tour reconfigure ce qui peut être cherché. La beauté échappe au regard qui surplombe, elle excède dans l'expérience du parcours, dans sa caresse.
Ce site fonctionne de la même manière. Il n'y a pas de "début" à connaître avant de passer à la "suite". Les textes sont reliés, des occurrences qui suivent les associations conceptuelles plutôt qu'un ordre linéaire. Un mot souligné vous mènera vers son développement théorique, une référence vous ouvrira vers une exploration parallèle.
**Cette page elle-même est [[Rhizome de Garden-Gester|vivante]]**. Elle se transforme au fur et à mesure de vos passages et de mes propres boucles de compréhension. Il n'y a pas de menu définitif qui cartographierait un territoire stable - plutôt des **possibilités de trajets** qui se reconfigurent selon ce que chaque arpentage révèle.
Vous pouvez revenir ici entre deux explorations, repartir par un autre chemin, et constater que certaines formulations se sont précisées, que de nouveaux liens sont apparus, traverser le jardin pour un autre espace.
Le jardin s'éclaire progressivement non pas parce qu'on en dévoilerait la structure cachée, mais parce que **chaque parcours participe à son actualisation**.
De la même façon, dans l'apprentissage du geste, on ne découvre pas une forme préexistante, on la fait émerger en l'explorant.
## Invitation
Les textes que vous trouverez ici sont en évolution permanente. Certains sont des ébauches, d'autres des synthèses plus abouties. Tous sont des tentatives pour articuler ce qui résiste à l'articulation : comment le corps apprend, comment le geste s'organise, comment la conscience se déploie dans l'action.
==Suivez vos curiosités. Laissez-vous porter par les liens. Revenez par d'autres chemins. Le jardin se donne, différemment à chaque parcours.==
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[[À propos|À propos]] • [ About](About.md)
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